TAXE CARBONE : L’ELYSÉE RENONCE À LA HAUSSE DE TAXES SUR LE CARBURANT POUR L’ANNÉE 2019
Le 5 décembre, suite à l'annonce du moratoire d'Edouard Philippe, le gouvernement confirme le rétropédalage de l'application de la taxe carbone, initialement prévue pour début Janvier. Ce n'est pas la première fois que le gouvernement renonce à une mesure environnementale. Retour sur les tenants et aboutissant de cette décision et ses conséquences
À l'aube d'une nouvelle mobilisation redoutée des gilets jaunes, samedi, l’exécutif renonce à une augmentation de taxes sur les carburants. Mercredi soir et à trois jours d’une nouvelle mobilisation à haut risque, le gouvernement signe un geste fort en supprimant pour l’année 2019, la taxation des carburants (fioul, essence, diesel). Alors que Mardi le premier ministre annonçait un moratoire d’une durée de 6 mois, invitant tous les français à prendre part au débat, c’est finalement une décision majeure qui a été décidée conjointement par le chef de l’Etat et son Premier ministre, Mercredi au palais Bourbon, puis confirmée par l’Elysée dans la soirée.
Une taxe carbone : ni suspendue, ni différée mais purement annulée
Cette suppression était l’une des principales revendications des gilets jaunes. Toutefois, l’Elysée dément toute tension entre le chef de l’Etat et son premier ministre sur ce rétropédalage soudain, qualifiant cette décision de prise en “concert”. Désormais, la responsabilité de cette taxe, prévue initialement dans le Projet de loi de finances (PLF) 2019 repose essentiellement sur le débat citoyen et parlementaire des semaines et des mois à venir. Lequel devra à la fois répondre aux besoins de financements de la transition écologique et apporter des solutions participant à préserver le pouvoir d’achat des concitoyens.
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L’écologie : grande perdante de l’abandon de la taxe carburant 2019
Manifestement, la taxe carburant n’est pas comprise. Ou est simplement hors sol ? À l’opposé d’une mécanique d’impôt progressif, la fiscalité verte frappe davantage les ménages modestes. C’est ce qu’affirme l’Institut des politiques publiques, qui à l’été 2018 avait déjà alerté sur les dangers de cette nouvelle fiscalité. Les conclusions de ses calculs sont sans appel : la taxe carbone, rapportée aux dépenses de consommation, frapperait trois fois plus les ménages modestes par rapport aux ménages aisés. Et entamerait jusqu’à cinq fois plus du budget des 10 % les plus modestes, que sur celui des 10 % les plus aisés. Un signal d’alarme resté sourd, et dont les conséquences prévisibles ont aujourd’hui germées en revendications.
Fiscalité écologique : quand l’écologie fait peur
Les abandons de taxes écologiques sont monnaie courante en France. On se souvient aisément des bonnets rouges en 2014 et de l’abandon de l’écotaxe, mais il faut aussi noter les tentatives des gouvernements Fillon en 2010, et précédemment Jospin en 2000. D’une manière générale, qu’elles soient abandonnées au nom de l’égalité des citoyens devant l’impôt, ou sur fond de contestation sociale, leur point commun est le recul systématique sur ses mesures.
Pour Alexandra Bensaïd, journaliste, c’est la preuve que “l'écologie n'était pas au cœur des projets politiques des gouvernants”. Selon elle, cette taxe carbone doit être perçue et utilisée comme un outil pour changer les habitudes de consommations des français et réduire, de facto les émissions de CO2. Elle met toutefois en garde sur les dérives de cette taxe, dont l’utilisation doit être transparente : l’argent de la taxe doit servir à indemniser les perdants ou financer des solutions. Dans le cas contraire, elle sera ressentie par le contribuable comme un piège, et conduire inévitablement à son rejet.