Gaz : la France est mieux préparée pour l’hiver, mais il faudra faire preuve de prudence
Les gestionnaires du réseau de transport de gaz, GRTgaz et Teréga, estiment que la France est suffisamment préparée pour affronter l’hiver 2023-2024. Les risques de voir l’épisode de l’année dernière se répéter sont faibles. Toutefois, il est important de rester prudent, affirment les gestionnaires, car la marge de sécurité reste minime. Explications
Un deuxième hiver sans gaz russe
La France se prépare à affronter un deuxième hiver sans pouvoir compter sur l’approvisionnement depuis les gazoducs russes. La situation est cependant très différente de l’an dernier puisque cette fois-ci, le pays a pu tenir compte de ce paramètre pour mieux se préparer.
Ce lundi 9 octobre, GRTgaz et Teréga, les gestionnaires du réseau de transport de gaz, ont tenu une conférence de presse afin de faire part de leurs perspectives du système gazier français pour l’hiver 2023-2024. Ils estiment que « le réseau français a la capacité d’assurer les approvisionnements nécessaires pour alimenter les consommations et les exportations, y compris en cas d’hiver froid ».
Il faudra cependant faire preuve de prudence, car, sans le gaz russe, il se peut que des situations de déficit ponctuel apparaissent, en particulier si les stockages sont trop sollicités en début d’hiver. D’ailleurs, « la marge de sécurité reste faible en cas de pointe de froid en deuxième partie d’hiver », notent les gestionnaires.
Quelles sont les précautions à prendre ?
Pour maintenir l’équilibre du système, GRTgaz et Teréga ont émis quelques préconisations, notamment :
- une importation soutenue en GNL (gaz naturel liquéfié) ;
- une gestion prudente des stockages ;
- un maintien de la sobriété énergétique aux mêmes niveaux que ceux observés l’hiver dernier. En effet, entre août 2022 et juillet 2023, la consommation dans le pays a baissé de 14,3 % (données corrigées du climat) par rapport à la même période de 2018-2019. Les mesures de sobriété appliquées l’année dernière doivent ainsi être maintenues, voire améliorées afin de ne pas trop solliciter les stocks pour l’hiver.
À l’heure actuelle, la France mise davantage sur l’importation de GNL, notamment auprès des États-Unis, qui sont devenus le premier fournisseur du pays depuis 2022. D’ailleurs, afin de renforcer l’approvisionnement en gaz sur le territoire, un nouveau terminal d’importation de GNL a été mis en place au Havre. Ce dernier dispose d’une capacité de 22 TWh (térawattheures) et est opéré par TotalEnergies. Dans le but de réduire les risques de pénuries autant que possible, les capacités d’entrée depuis l’Espagne ont également été renforcées avec un volume supplémentaire de 6 TWh.
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Des perspectives floues
En ce qui concerne les réserves dont dispose le pays, les gestionnaires affirment que les stocks en France sont bien remplis, étant donné qu’ils sont aujourd’hui à 95 %. La situation est similaire au niveau européen avec des stocks estimés à 96,7 %, selon Gas Infrastructure Europe.
Pour le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, « nous [l’Europe] sommes en meilleure position » pour cette année. Il a cependant insisté sur le fait que la prudence est de mise, car l’hiver risque d’être plus rude que l’an dernier. Les deux gestionnaires, GRTgaz et Teréga, partagent aussi l’avis du patron de l’AIE, compte tenu notamment des dérèglements climatiques qui se font de plus en plus ressentir à l’échelle mondiale.
Autre élément à tenir en compte, 15 % du gaz importé dans l’Union européenne proviennent encore des gazoducs russes. Reste donc à savoir si l’Europe sera en mesure de se passer complètement du gaz russe d’ici à 2027.