Électrosensibilité et Linky : un plaignant remporte un procès contre Enedis et obtient le retrait de son compteur Linky
Joseph Cascina s’inscrit dans l’histoire comme étant le premier client d’Enedis à obtenir gain de cause en justice pour retirer son compteur Linky. Une première victoire qui attise le débat sur les conséquences des champs électromagnétiques sur la santé.
Vous souhaitez changer de fournisseur ?
Nos experts vous conseillent gratuitement !
Le calvaire du plaignant
Depuis l’installation d’un compteur Linky dans son domicile, Joseph se plaignait de sifflements en permanence dans sa tête, chose qu’il n’avait jamais expérimentée auparavant. Selon lui, les premiers symptômes sont apparus dès le lendemain de la mise en service du compteur communicant. « Le jour, la nuit… Tous les soirs, je prenais un cachet pour m'endormir, c'était devenu infernal », a-t-il précisé.
Pour appuyer ses dires, Joseph explique : « je partais de chez moi, au bout d'une heure, les sifflements s'arrêtaient. J'allais chez mes beaux-parents qui n'ont pas de compteur Linky, ça ne me sifflait pas là-bas. Dès que je revenais à la maison, au bout d'un quart d'heure, les sifflements repartaient de plus belle. »
Il a décidé de contacter Enedis pour que ce dernier intervienne face à la situation, mais sans succès. Il entame alors une longue bataille juridique qui va s’étendre sur trois ans et demi jusqu’à enfin obtenir gain de cause auprès de la cour d’appel de Lyon sur la base d’un principe de précaution. Les juges ont en effet estimé qu’il s’agissait d’un symptôme juridiquement justifiable.
Un cas non isolé
Selon un rapport publié par l’Anses en 2018, l’électrosensibilité ou la sensibilité électromagnétique touche environ 3,5 millions de personnes sur l’ensemble du territoire. Pour faire simple, ce syndrome se caractérise par une intolérance aux champs électromagnétiques émis par certains appareils comme les smartphones, les antennes relais, les radios ou bien encore le compteur communicant Linky.
Les personnes électrosensibles peuvent manifester divers symptômes, comme :
- la fatigue chronique ;
- les maux de tête ;
- les réactions cutanées ;
- les sifflements ;
- les troubles de la concentration.
Selon le Professeur Luc Fontana du Centre régional de pathologie professionnelle et environnementale, la difficulté réside dans la mise en évidence d’un lien entre ces symptômes et ce syndrome. « Il faut vérifier qu'ils ne sont pas dus à un autre problème de santé », a-t-il souligné. Le fait est que jusqu’à présent, il n’existe aucune preuve scientifique permettant de faire le lien direct entre les ondes et les ressentis des personnes électrosensibles.
Le Professeur a également insisté sur le fait que « pour le moment, on voit que les troubles n'évoluent pas vers quelque chose de plus grave (…) mais les conséquences sur la vie sociale et professionnelle peuvent être importantes ».
C’est exactement le cas pour Joseph qui raconte qu’il lui arrivait de s'embrouiller avec sa femme. « Je disais qu'est-ce qui se passe dans ma tête et personne ne comprenait. C'était compliqué. Souvent, je partais de chez moi. (…) C'est un truc de fou ».
Évolution de la situation
Cette première victoire pourrait bien marquer le début d’une longue liste de retrait de compteurs Linky pour les millions de personnes concernées par l’électrosensibilité. C’est en tout cas ce qu'espère le collectif Stop Linky 5G Loire qui prône une demande administrative simplifiée de retrait de compteur sur présentation de certificats médicaux.
De son côté, Enedis a réagi en affirmant que : « la décision rendue par la Cour d’appel de Lyon, qui a été exécutée par Enedis, fait figure d’exception et ne reflète en rien la jurisprudence relative à l’installation des compteurs Linky ».