Électricité : Un nouveau bouclier tarifaire en préparation ?
Le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est exprimé, le lundi 25 septembre, sur la volonté de l’État de « reprendre le contrôle du prix de l’électricité ». L’objectif est de protéger les ménages et les petites entreprises à partir de 2026, mais surtout de prévenir une éventuelle hausse des prix. Selon Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, qui s’est exprimé également cette semaine sur le sujet, le gouvernement mise sur un nouveau dispositif qui repose en majeure partie sur l’énergie nucléaire d’EDF. Explications.
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Un projet de l’État pour maintenir les prix au plus bas
Le gouvernement souhaite pouvoir préserver les ménages de la hausse des prix de l’électricité et ainsi protéger leur pouvoir d’achat. La piste la plus plausible serait la mise en place d’un nouveau bouclier tarifaire si l’on se réfère aux paroles de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, le mardi 26 septembre. Selon elle, le bouclier énergétique qui a été mis en place visait à permettre aux ménages et aux entreprises « d’assumer les prix les plus bas d’Europe ». En revanche, ce dispositif était une mesure d’urgence. « Nous voulons donc instaurer un dispositif pérenne qui permettra aux clients, si le marché s’emballe, de ne pas avoir à y faire face », a précisé la ministre.
Pour l’heure, il ne s’agit que d’une spéculation, car cette nouvelle mesure devra, dans un premier temps, être débattue par les parlementaires.
Concrètement, pour maintenir les prix à des niveaux « soutenables », le gouvernement miserait sur le fait de « ponctionner » les bénéfices réalisés par EDF qui, il faut le préciser, vient récemment d’être nationalisé.
Il s’agirait d’une sorte de taxation des profits. L’État devra établir un prix plafond qui permettrait de limiter la marge réalisée par EDF. Le surplus sera, par la suite, utilisé pour former « un nouveau bouclier » et sera redistribué aux ménages et aux entreprises.
Comment fonctionnerait le dispositif ?
Pour bien comprendre la position d’EDF, il convient de prendre un exemple. En appliquant ce système de taxation des profits, l’État sera donc en mesure de tirer profit des bénéfices réalisés par EDF. Si le plafond des prix est, par exemple, fixé à 75 euros alors que les prix boursiers vont jusqu’à 200 euros le mégawattheure, le gouvernement pourra alors prélever 125 euros par mégawattheure afin de financer un nouveau bouclier énergétique, ce qui, théoriquement, devrait permettre d’amortir les prix au niveau national.
La difficulté réside dans la manière d’établir cette limitation, car il faut tenir compte de deux points importants :
- la protection des ménages ;
- les marges de manœuvre financières pour EDF.
L’équation semble néanmoins assez compliquée si l’on tient compte du fait qu’EDF doit s’acquitter d’une dette qui s’élève à 64,5 milliards d’euros et, en même temps, investir jusqu’à 52 milliards d’euros dans la relance du nucléaire et notamment la mise en œuvre de six réacteurs nucléaires EPR (European pressurized reactor).
Un autre élément, qui est la baisse importante des prix en dessous du seuil fixé par l’État, doit aussi être pris en compte dans cette équation. Dans un avenir plus ou moins lointain, et notamment avec les progrès sur le renouvelable, le pays pourrait se retrouver en surproduction temporaire. Si cela se produit, la question qui se pose est de savoir qui se chargera de compenser EDF. Selon Nicolas Goldberg, consultant spécialiste de l’énergie chez Colombus Consulting, « toute solution mise en place devra être résiliente à une chute des prix de marché. »