Approvisionnement en électricité : vers des hivers tendus ?
RTE avait exprimé des craintes pour l’hiver 2021. Pourtant, l’approvisionnement en électricité a finalement tenu le choc, aidé par le coup de pouce du dispositif écocitoyen MonEcoWatt en février dernier. Le gestionnaire du réseau électrique alerte toutefois quant aux hivers à venir sur le territoire français. Explications.
Le principe de sécurité d’approvisionnement en électricité
RTE, organisme engagé par un contrat de service public, a notamment pour mission d’anticiper les éventuelles difficultés d’approvisionnement en énergie sur le territoire français.
Concrètement, les difficultés proviennent de l’impossibilité de stocker l’électricité en grande quantité à des coûts compétitifs. C’est pourquoi la production doit répondre aux besoins des consommateurs en temps réel. A défaut, le principe de sécurité d’approvisionnement en électricité est en péril et les risques de coupure de courant localisée ou généralisée sont réels. De tels événements auraient des conséquences économiques importantes ; RTE veille donc sur les principales menaces principales en matière d’approvisionnement :
- pointes de consommation imposées par les variations extrêmes des températures ;
- fluctuations périodiques de l’offre et de la demande ;
- chute soudaine de la production d’énergies solaire ou éolienne, etc.
Dans ce cadre, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité a confirmé les tensions à prévoir quant à l’approvisionnement en électricité jusqu’à l’hiver 2023, et ce, pour des causes bien spécifiques.
Pourquoi les hivers à venir seront-ils tendus ?
Dans le contexte actuel, le président du directoire de RTE, Xavier Piechaczyk, pointe la faible disponibilité du parc nucléaire.
En cause, la crise sanitaire qui a encore retardé les travaux du réacteur de troisième génération EPR à Flamanville dans la Manche. Déjà maintes fois reportées pour diverses complications successives, les opérations ont subi, comme dans d’autres secteurs, les conséquences de la Covid 19. EDF doit donc envisager un nouveau calendrier malgré des surcoûts et un retard déjà très conséquents.
Pour les mêmes raisons consécutives à l’arrêt des travaux durant les confinements, EDF doit décaler son grand carénage, vaste programme destiné à allonger la durée de vie des centrales nucléaires anciennes.
En second lieu, la tension du réseau électrique est une conséquence des difficultés rencontrées dans le développement des énergies durables. C’est principalement le solaire et l’éolien offshore qui posent problème. Les six grands parcs d’éolien en mer prévu depuis 2011 ne sont toujours pas opérationnels.
Quelles solutions pour assurer la sécurité électrique ?
Face à ces difficultés, le réseau de transport électrique compte sur différentes solutions pour « retrouver des marges. »
Concernant le nucléaire, il est question de maintenir des réacteurs en service. En effet, selon le président de RTE, « les conditions prévues par la programmation pluriannuelle de l’énergie pour la fermeture anticipée de deux réacteurs nucléaires entre 2025 et 2026, pourront très difficilement être remplies ». Toujours dans les énergies pilotables, RTE recommande le maintien de la centrale à charbon de Cordemais en Loire Atlantique. Concrètement, cela équivaut à reporter sa conversion vers la biomasse.
RTE évoque d'autres solutions à mettre en œuvre. En effet, le gestionnaire souhaite également mobiliser toutes les capacités des énergies renouvelables et souhaite l’accélération de leur déploiement, conformément au plan de relance RTE plaide également élargir le périmètre des sites éligibles à l’interruptibilité qui est actuellement appliquée qu’aux entreprises industrielles dites électro-intensives. Mis en place en 2012 et renforcé par la loi sur la transition énergétique, le mécanisme d’effacement est complexe. En résumé, il permet de rémunérer ces sites très énergivores dès lors qu’ils participent à la réduction des risques de défaillance du système électrique. RTE milite donc pour l’augmentation de ces réserves d’effacement.
Tous ces efforts de flexibilité devraient permettent aux Français de passer les deux prochains hivers au chaud !