Hausse du prix du gaz en Europe : Quel impact sur votre facture en 2025 ?

Le marché européen du gaz démarre l'année 2025 sous haute tension. Le 31 décembre 2024, le cours du gaz européen a franchi la barre symbolique des 50 euros le mégawattheure (MWh), un niveau qui n'avait pas été atteint depuis octobre 2023. Cette hausse spectaculaire, qui s'annonce comme un véritable choc pour les consommateurs, est le résultat d'une confluence de facteurs géopolitiques, climatiques et économiques.

Le gaz à 50 euros : comprendre la hausse récente

La hausse brutale du prix du gaz s'explique par plusieurs facteurs qui se sont conjugués en ce début d'année :

• L'arrêt du transit via l'Ukraine : Depuis le 1er janvier 2025, les exportations de gaz russe vers l'Europe via l'Ukraine ont cessé. Cette décision, prise par Kiev dans le contexte de la guerre qui dure depuis près de trois ans, vise à couper une partie des revenus de la Russie.
• Un hiver plus froid que prévu : Les températures basses depuis fin octobre ont entraîné une utilisation accrue du chauffage, augmentant la demande en gaz.
• La dépendance accrue au GNL : L'Europe s'est tournée davantage vers le gaz naturel liquéfié (GNL), notamment américain, qui est structurellement plus cher que le gaz russe acheminé par gazoduc.

Ces facteurs ont propulsé le prix du gaz sur le Title Transfer Facility (TTF), principal marché gazier européen, à plus de 50 euros le MWh, contre moins de 30 euros à la même période l'année précédente.

Quand l'Ukraine ferme le robinet

La fin du transit de gaz russe via l'Ukraine marque un tournant dans la géopolitique énergétique européenne. Cette décision a des répercussions immédiates sur l'approvisionnement de certains pays d'Europe centrale et orientale qui restaient fortement dépendants du gaz russe.

Selon Christoph Halser, analyste de Rystad Energy, le gaz russe représente encore 14% de la consommation totale de l'UE en 2024, une légère augmentation par rapport aux 12% de l'année précédente. Cette dépendance persistante explique en partie la nervosité des marchés face à l'arrêt du transit ukrainien.

L'alternative américaine et ses implications

Pour compenser la baisse des importations de gaz russe, l'Europe s'est massivement tournée vers le GNL, notamment en provenance des États-Unis. Cependant, cette alternative a un coût :

• Le GNL est structurellement plus cher que le gaz acheminé par gazoduc.
• Les infrastructures nécessaires à son importation et à sa distribution sont coûteuses.
• La concurrence internationale pour l'accès au GNL est forte, notamment avec l'Asie.

Cette dépendance accrue au GNL a contribué à l'augmentation structurelle des coûts du mégawattheure depuis le début de la guerre en Ukraine.

Stocks de gaz : Où en est l'Europe aujourd'hui ?

La situation des stocks de gaz en Europe est préoccupante. Selon la plateforme européenne Aggregated Gas Storage Inventory (AGSI), les réserves de gaz sont en moyenne d'environ 73% dans les pays de l'Union européenne, un taux largement inférieur aux 86% constatés à la même période en 2023.

Face à cette situation, la Commission européenne a pris des mesures :

• Le seuil requis des réserves de gaz de l'UE au 1er février 2025 a été rehaussé de 45% à 50%.
• Des efforts sont demandés aux États membres pour accélérer le remplissage des stocks.

Ces mesures visent à prévenir une éventuelle pénurie en cas d'hiver particulièrement rigoureux ou de nouvelles perturbations dans l'approvisionnement.

Votre facture en 2025 : ce qui pourrait changer

L'impact de cette hausse des prix du gaz sur les consommateurs est déjà visible. En France, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a annoncé une augmentation du prix repère de vente du gaz naturel de 4,38% en janvier 2025 par rapport à décembre 2024.

Concrètement, cela se traduit par :

• Pour la cuisson et l'eau chaude : 0,14743 € TTC/kWh en janvier 2025, contre 0,14135 € TTC/kWh en décembre 2024.
• Pour le chauffage : Une hausse de 3,8%, portant le prix à 0,118 €/kWh.

Ces augmentations pourraient se répercuter sur la facture annuelle des ménages, avec une hausse estimée entre 50 et 300 euros selon l'usage du gaz.

Face à cette situation, les consommateurs sont encouragés à :

• Comparer les offres des différents fournisseurs
• Envisager des travaux de rénovation énergétique pour réduire leur consommation
• Adopter des gestes d'économie d'énergie au quotidien

L'année 2025 s'annonce comme une année charnière pour le marché du gaz en Europe. Les consommateurs devront rester vigilants face aux évolutions des prix et adapter leur consommation en conséquence.